En synthèse :
- D'ici 2050, 2.2 milliards de personnes supplémentaires vivront en ville, principalement en Afrique, Asie et Moyen-Orient. A la même échéance, la planète devrait compter pas moins de 216 millions de réfugiés climatiques.
- Le secteur de la construction se trouve en première ligne pour permettre aux villes de relever ce double défi de croissance démographique exponentielle et de dérèglement climatique.
- L’enjeu : les aider à s’adapter et devenir plus résilientes à ces chocs extrêmes.
Pourquoi la résilience des villes est-elle un enjeu vital ?
La résilience est la capacité des villes à survivre, s’adapter et prospérer face aux chocs et aux tensions, qu’ils soient immédiats ou à long terme. Il s’agit d’anticiper les risques futurs et s’assurer que l’environnement construit soit prêt pour y faire face dans les 10, 20 ou 50 prochaines années. Cette résilience consiste aussi à rebondir après des perturbations, en les utilisant comme des opportunités pour renforcer les systèmes urbains.
Tout l’enjeu est donc de penser dès à présent les composantes des villes dans une perspective d’adaptabilité, afin qu’elles puissent résister à ce que l’avenir leur réserve.
D’une part, le réchauffement climatique qui augmente la gravité et la fréquence des événements extrêmes. Comment mieux préparer et protéger leurs habitants des épisodes de chaleur extrême ? Comment rendre à nouveau leurs sols capables d’absorber des pluies diluviennes ?
D’autre part, l’urgence démographique. Avec près de 70 % de la population mondiale qui devrait vivre dans des mégapoles d’ici à 2050, quelles solutions permettront aux villes d’absorber la croissance exponentielle de leurs habitants ? Et comment minimiser l’impact de cette croissance sur l’environnement ? Sans compter qu’en raison de leur urbanisation à marche forcée, les sols des grandes villes s’affaissent… sous leur propre poids. Dans un contexte d’élévation du niveau des océans, les grandes cités côtières se trouvent ainsi encore plus fortement menacées d’inondations.
5 façons d’agir pour rendre les villes plus résilientes
1 – Apprendre à vivre avec de fortes chaleurs
Les villes concernées font feu de tout bois pour parer la surchauffe lors des épisodes de canicule : repeindre les toits en blanc pour réfléchir la chaleur, désimperméabiliser les sols, installer des structures d’ombrage, atténuer les îlots de chaleur… La ville la plus chaude des États-Unis, Phœnix, située en plein désert, utilise dans ses rues, le cool pavement, revêtement de couleur claire, qui rafraîchit plus rapidement les rues pendant la nuit que l’asphalte traditionnel. Et l’efficacité énergétique de ses bâtiments publics est optimisée, avec le recours à des vitrages électrochromes.
2 – Absorber les eaux de pluie
Face au risque d’inondations, la solution la plus évidente consiste à lutter contre l’artificialisation des sols des villes et leur étalement urbain, responsables de la disparition de zones naturelles. In fine, il s’agit de retrouver un cycle vertueux de l’eau, en rendant à nouveau les sols capables d’absorber les eaux de pluie puis de les restituer, en débarrassant du bitume les pourtours des bâtiments, les terrains municipaux et les cours d’école, en multipliant les espaces verts.
3 – Rendre les bâtiments « réversibles »
Recycler les usines, bureaux et centres commerciaux en logements pour adapter rapidement le parc existant aux variations de la population ? Possible, en favorisant la réversibilité des bâtiments et la « chronotopie », c’est-à-dire la multiplicité des usages d’un même lieu en fonction du temps. Ce type de constructions possède une structure « universelle » et des éléments de second œuvre faciles à démonter.
4 – Atténuer le poids des villes
La solution existe : la construction légère. Contrairement aux méthodes de construction traditionnelles privilégiant des murs porteurs maçonnés (en pierre, béton ou brique), la construction légère opte pour des structures porteuses plus légères sous forme de « squelettes » en bois, en métal ou en béton, sur lesquelles sont fixés des systèmes de façades et de cloisons non porteurs. Le tout allège considérablement le poids des bâtiments tout en préservant leurs qualités de robustesse et de résistance.
5 – Soutenir l’investissement en faveur de solutions résilientes
Les acteurs de la finance doivent concevoir des mécanismes financiers qui soutiennent les investissements dans des solutions résilientes. Leur défi : parvenir à aligner incitations financières à court terme et objectifs de résilience à long terme.
L’assurance est un moteur essentiel de la résilience. En s’appuyant sur les données scientifiques concernant la manière dont le changement climatique affecte les différents risques, les assureurs peuvent évaluer quel sera l’impact vertueux des investissements en matière de résilience, et ainsi adapter au plus juste les coûts d’assurance des projets résilients.
L’intervention politique : les pouvoirs publics doivent aligner leurs stratégies d’approvisionnement et leurs investissements en infrastructures sur leurs objectifs climatiques, favorisant la transition vers une économie plus résiliente dans tous les secteurs.
Les + nécessaires pour y parvenir
Pour donner une chance aux villes d’être plus résilientes, trois dimensions doivent être favorisées :
Plus de collaboration : les acteurs impliqués dans la résilience des villes sont nombreux et ont des feuilles de route et des objectifs qui souvent diffèrent. Aligner chacun sur une trajectoire commune implique de multiplier les échanges transversaux au sein d’instances nationales et internationales.
Plus de vision à long terme : anticiper les risques de demain nécessite une planification rigoureuse et une projection au-delà des intérêts courtermistes des projets, deux aspects parfois mis à mal dans un secteur de la construction encore très contraint par des enjeux d’immédiateté.
Plus de formation : car pour être correctement mises en œuvre, les solutions de construction durable exigent des compétences et des connaissances spécifiques, ainsi qu’une ouverture sur les pratiques exemplaires qui se développent partout dans le monde.