« les innovations qui favorisent la réutilisation des matériaux peuvent révolutionner le secteur de la construction. »

Lire la légende du visuel

The Loop Factory est une entreprise axée sur l'innovation et spécialisée dans le développement de matériaux (en particulier à base de fibres), de produits et de solutions technologiques durables et circulaires. Cette entreprise aide ses partenaires, parmi lesquels de grands groupes internationaux, à développer leur capacité d'innovation.

Circularité
Point de vue
Durée de lecture : 10 min 10 min
23/04/2025

Partager l'article

Anna Altner a consacré sa carrière à résoudre les problèmes liés au développement durable, en mettant notamment l’accent sur la circularité dans les procédés industriels. Sa devise : penser différemment pour réussir. Animée par cette conviction profonde, elle a fondé The Loop Factory en 2014. Spécialisée dans le développement de matériaux, de produits et de solutions technologiques durables et circulaires, l’entreprise accompagne ses partenaires dans le développement de leurs innovations. Anna Altner partage les ingrédients essentiels pour favoriser une véritable culture de l’innovation dans le secteur de la construction.
Anna Altner, fondatrice de The Loop Factory.
Getting your Trinity Audio player ready...

Pourquoi est-il essentiel d’adopter une culture de l’innovation, en particulier dans le domaine de la construction ?

Dans le domaine de la construction, où le temps est compté et où l’efficacité des ressources est essentielle, l’innovation peut générer des avantages à la fois environnementaux et financiers. En favorisant une culture de l’innovation, les entreprises peuvent développer des solutions plus efficaces et plus durables tout en réduisant les coûts, assurant ainsi leur réussite sur le long terme dans un secteur de plus en plus compétitif et sensible aux questions environnementales.

Les innovations les plus susceptibles de révolutionner le secteur de la construction sont, selon moi, celles qui favorisent la récupération et la réutilisation des matériaux, grâce à des business models novateurs et à un meilleur recyclage. Pour réduire notre dépendance à l’égard des matières vierges, il est indispensable de mieux gérer les matières premières que nous utilisons.

LIRE AUSSI : Les multiples visages de l’innovation dans la construction

Pour y parvenir, il faudra utiliser un mélange de technologies et de systèmes existants, mais aussi en développer de nouveaux. Plusieurs entreprises pourraient ainsi collaborer à la mise au point de nouvelles technologies et de nouveaux systèmes. Pour une construction plus durable, adopter une culture de l’innovation est essentiel, car cela permet aux organisations de relever plus efficacement les défis complexes posés par le développement durable. Des études ont montré que, lorsqu’on donne aux équipes les moyens de collaborer avec de nouvelles méthodes et prendre leurs propres décisions, le taux de réussite en matière d’innovation disruptive peut atteindre 95 %. A contrario, les organisations qui se concentrent principalement sur des business models existants enregistrent souvent des taux de réussite beaucoup plus faibles, de l’ordre de 5 %.

The Loop Factory en bref

Entreprise axée sur l'innovation et spécialisée dans le développement de matériaux (en particulier à base de fibres), de produits et de solutions technologiques durables et circulaires, The Loop Factory dispose de capacités d'essai et de démonstration importantes, y compris pour la mise à l'échelle des projets innovants. L’entreprise aide ainsi ses partenaires - qu'il s'agisse d'entrepreneurs individuels, d'entités de recherche ou de grands groupes internationaux - à développer leur capacité d'innovation, via le développement rapide d'idées, de concepts et de prototypes, ainsi que leur transition vers le marché.

Comment décririez-vous une culture de l’innovation réussie en entreprise ? Comment cela se traduit-il dans la pratique ?

Un des éléments les plus importants est la curiosité. Une culture de l’innovation est alimentée par un désir collectif de poser des questions, d’explorer de nouvelles perspectives et de découvrir des informations au-delà de ce que nous connaissons déjà. La curiosité alimente notre désir de comprendre des problèmes et des défis complexes, et pousse les équipes à réfléchir au-delà des solutions conventionnelles.

La curiosité alimente notre désir de comprendre des problèmes et des défis complexes.

Il est tout aussi important d’adopter une approche de type fail fast (échec accéléré). Dans cette perspective, les échecs sont perçus comme des opportunités d’apprentissage plutôt que comme des revers dans une culture de l’innovation. Ils doivent être appréhendés comme faisant partie intégrante du processus, car ils fournissent des informations précieuses pour orienter les progrès futurs. Plus vous échouez rapidement, plus vite vous pouvez vous adapter et vous améliorer. L’essentiel est d’accepter que l’innovation ne soit pas un processus linéaire. À la différence de la R&D traditionnelle, elle exige de l’agilité et de la souplesse. Les détours et les accidents sont autant d’occasions d’apprendre et de s’adapter. Cette flexibilité permet aux équipes de changer de cap et de faire évoluer leurs stratégies à la lumière de nouvelles informations.

Plus vous échouez rapidement, plus vite vous pouvez vous adapter et vous améliorer.

Avoir une vision claire est également un élément essentiel d’une culture de l’innovation réussie. Si la voie à suivre n’est pas toujours évidente, il est important que chacun ait le même objectif final. Une vision commune favorise l’alignement, donne un sens aux objectifs et maintient la motivation des équipes, même en période d’incertitude. Enfin, l’innovation exige de la passion. Sans un véritable enthousiasme et un désir sincère de réussir, les efforts d’innovation peuvent s’avérer difficiles à mettre en œuvre. La passion, c’est ce qui nous aide à relever des défis, à accepter le changement et à rester engagés. C’est aussi ce qui nous rend plus enclins à expérimenter et à persévérer, autant de dimensions clés pour concrétiser notre vision.

Une vision commune favorise l’alignement, donne un sens aux objectifs et maintient la motivation des équipes, même en période d’incertitude.

Dans quelle mesure la collaboration peut-elle faciliter, voire susciter, cette culture de l’innovation ?

En matière d’innovation, la collaboration est en effet indispensable. Pour ce qui est du développement durable, nous devons reconnaître que le monde est bien plus complexe qu’il n’y paraît et qu’on ne peut relever seuls les défis qui se posent. Cela implique de considérer une diversité de points de vue et de s’attaquer aux problèmes sous des angles différents. C’est pourquoi nous collaborons étroitement avec des concepteurs au sein de notre organisation, qui, grâce à leurs nouvelles façons de penser, aident les ingénieurs à élargir leur perspective. Le succès est le fruit d’un travail collectif, de la compréhension des forces de chacun et de la recherche de solutions mutuellement avantageuses pour toutes les parties concernées.

Pour ce qui est du développement durable, nous devons reconnaître que le monde est bien plus complexe qu’il n’y paraît et qu’on ne peut relever seuls les défis qui se posent.

Quels sont les principaux obstacles au développement de l’innovation dans le secteur aujourd’hui ?

Les entreprises hésitent souvent à investir dans des innovations car celles-ci concurrencent des investissements existants qui génèrent déjà des bénéfices. De plus, les nouvelles technologies sont généralement assorties de retours sur investissement plus longs, ce qui les rend moins attrayantes, surtout lorsqu’on peut facilement avoir accès à des solutions éprouvées dont on connaît déjà la performance.

Un autre frein est la perception du risque. Si le marché ne les valide pas ou si les clients ne les adoptent pas, les nouvelles technologies seront perçues comme n’ayant pas fait leurs preuves, ce qui compliquera l’obtention d’investissements ou le déploiement de ces innovations. Les entreprises hésitent souvent à prendre ce risque en l’absence de preuves concrètes de réussite.

Les entreprises hésitent souvent à prendre le risque de déployer une innovation en l’absence de preuves concrètes de réussite.

Enfin, les décideurs des organisations se concentrent souvent sur la rentabilité à court terme, ce qui peut entraver l’adoption d’innovations durables. Si une nouvelle technologie ne produit pas de résultats immédiats, elle peut nuire à la situation financière d’une entreprise. C’est pourquoi les entreprises peuvent se montrer hésitantes à adopter de nouvelles solutions potentiellement disruptives.

Toute la difficulté consiste donc à favoriser les collaborations et l’investissement dans l’innovation.

Un exemple de collaboration réussie

En collaborant avec The Loop Factory, le spécialiste des solutions acoustiques pour murs et plafonds Ecophon a conçu un nouveau processus lui permettant de recycler intégralement ses panneaux de fibre de verre afin d’en produire de nouveaux, qui répondent aux mêmes exigences mécaniques et acoustiques.

Ecophon a pu explorer une nouvelle approche basée sur les matériaux recyclés, grâce à la synergie des compétences avec l’équipe de The Loop Factory. Leur collaboration a démarré par une phase d’exploration qui a abouti à un prototype réussi démontrant le potentiel d’un produit commercialisable. L’objectif : mettre sur le marché des produits à haute valeur ajoutée, fabriqués à partir d’isolants phoniques pour les murs et les plafonds en laine de verre provenant du secteur de la construction et de la démolition, grâce à l’utilisation de technologies de fabrication plus efficaces et à de nouvelles stratégies de conception.

La diversité des profils, des plus expérimentés aux débutants, des concepteurs aux ingénieurs, a été déterminante pour garantir la pérennité du projet et sa réussite, tout en préservant la créativité et l’esprit d’innovation des équipes.

×