40%
de la consommation énergétique de l’UE provient des bâtiments ne répondant pas aux critères d’efficacité énergétique.
Vraie solution pour le climat
Les opportunités de rénovation énergétique dans l’Union européenne sont aussi vastes que le territoire de ses 27 États-membres. Actuellement, plus de 97 % des bâtiments recensés doivent être modernisés pour répondre aux critères d’efficacité énergétique. Selon le Parlement européen, ils pèsent 40 % de la consommation énergétique finale de l’UE, 36 % de ses émissions de CO₂ et 55 % de sa consommation d’électricité. L’enjeu est colossal. À tel point que la Commission européenne a défini en 2020 sa « stratégie pour une vague de rénovations », qui vise à doubler leurs taux annuels d’ici à 2030. En plus de réduire les émissions, ces rénovations amélioreront la qualité de vie des personnes qui habitent et utilisent les bâtiments et devraient créer de nombreux emplois verts supplémentaires dans le secteur de la construction. Côté français, l’arsenal législatif et réglementaire s’est étoffé depuis 2015, jusqu’à la loi Climat et Résilience (2021), dont l’objectif pour l’État est de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre du bâtiment, deuxième secteur d’émissions derrière les transports.
Démolir non, rénover oui
Pour lancer un déploiement massif et durable d’une rénovation énergétique en Europe, plusieurs voies sont privilégiées. Sur le continent européen, les politiques de soutien et d’incitation par l’Union et ses États membres se sont nettement accélérées depuis quelques années. En parallèle de l’aspect réglementaire, des initiatives sont prises sur le financement de la rénovation, parmi lesquelles l’effort additionnel réalisé par l’Union dans le cadre de son programme NGEU (Next Generation EU)3 afin d’aider certains États membres à effectuer des investissements en faveur de l’environnement. Ailleurs dans le monde, la rénovation s’impose comme une nécessité. Aux États-Unis, l’État de New York a ainsi mis en œuvre en 2019 son ambitieuse loi de Mobilisation climatique – 50 000 bâtiments de grande taille à rénover, un marché de 18 Md€ d’ici à 2030 et la création de 141 000 emplois locaux –,, devenant ainsi le 6e État américain à adopter un objectif « zéro carbone », après Hawaï, la Californie, le Nouveau-Mexique, le Nevada et Washington.
Réduire les émissions en exploitation
Réussir à atteindre ces objectifs repose sur un triptyque : efficacité, sobriété, décarbonation. Pour cela, l’isolation (intérieure et extérieure) est un point de départ essentiel. Puis, vient la mise en place d’un système de ventilation maîtrisé et d’équipements de chauffage/climatisation performants. Le tout permettant de réduire durablement les charges des occupants, tout en répondant à une logique de confort, hiver comme été. Les résultats sont d’ores et déjà visibles, avec des consommations d’énergie divisées en moyenne par 5,5 et des émissions de CO₂ par 12.
Question de « bien-être » et de santé publique
La rénovation énergétique n’a pas pour seul objectif de réduire la consommation. Il faut replacer les choses dans un contexte plus global où le logement doit répondre à une sédentarité accrue par le vieillissement de la population et l’essor du télétravail depuis la pandémie de Covid. Ainsi, un Français passe en moyenne 16 heures par jour chez lui[2]. L’ampleur de ces phénomènes fait du logement un déterminant majeur de santé. Or, à l’échelle mondiale, 1,6 milliard de personnes vivent dans des habitats inadéquats… Un mal-logement qui conjugue souvent plusieurs risques, parmi lesquels la précarité économique et énergétique, mais aussi l’insalubrité, les maladies… L’Organisation mondiale de la santé estime qu’investir pour améliorer les conditions de logement aurait des conséquences plus positives sur le plan sanitaire que d’investir directement dans la santé publique. Exemple à Toronto, où une étude d’impact de l’exposition aux particules fines a démontré qu’une mise en conformité des immeubles résidentiels (ventilation…) avec le code du bâtiment permettrait d’économiser jusqu’à 2,3 Md$/an de frais de santé[3]. En France, le ministère de la Transition écologique[2] chiffre à 7 500 €/an en moyenne le gain sanitaire et social généré par la rénovation d’un seul des 1,3 million de logements considérés comme les pires « passoires énergétiques » du pays. Est-il encore besoin d’insister sur les bénéfices sanitaires et économiques de la rénovation énergétique des bâtiments ? Si les enjeux et les solutions sont désormais connus, les actions restent à entreprendre à une plus grande échelle.
[1] Conserver, adapter, transmettre – Éditions du Pavillon de l’Arsenal, octobre 2022. [2] Note « Santé et bien-être ». [3] Impact of residential building regulations on reducing indoor exposures to outdoor PM2.5 in Toronto - Zuraimi, M.S. and Tan, Z, 2015.
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