Regards d’architectes :
« Au Chili, les architectes ont amorcé une révolution lente qui a nécessité plus de vingt ans de travail. »

Rosanna Forray est architecte et possède une expérience internationale dans les processus de régénération des quartiers et le développement social urbain. Elle travaille actuellement dans deux domaines : la mobilité et la conception d’espaces publics, ainsi que la régénération urbaine et des logements dans les quartiers vulnérables. Exigeante et engagée, Rosanna partage sa vision de l’architecture, en trois questions.

Les architectes doivent-ils faire leur révolution ?

Au Chili, les architectes ont amorcé une révolution dans divers domaines et à différentes échelles. À la micro-échelle de l’habitat individuel, ils réhabilitent les méthodes traditionnelles de construction en terre et en paille.

À l’échelle intermédiaire, la recherche académique liée au secteur de la construction se concentre, par exemple, sur des projets de bâtiments d’équipements publics ou des complexes de logements sociaux, en bois, de hauteur moyenne.

Cette petite révolution touche également la macro-échelle, avec des projets paysagers inspirés des dynamiques naturelles pour réduire les impacts des inondations. Il s’agit toutefois d’une révolution lente qui a nécessité plus de vingt ans de travail. Mais elle porte ses fruits tant en matière d’innovation technologique que de contribution aux politiques et aux travaux publics.

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Avons-nous la capacité nécessaire pour accélérer la construction durable ?

Nous sommes loin d’avoir la capacité nécessaire pour accélérer la construction durable et l’intégrer dans tous les domaines d’activité des architectes, urbanistes et paysagistes du pays. Cependant, le travail soutenu de certaines entités de recherche associées au secteur de la construction, telles que le Centro UC de Innovación en Madera, a permis de franchir des étapes importantes dans l’exploration et la promotion de l’intégration de la durabilité dans la conception et la construction à l’échelle industrielle. De plus, les projets d’infrastructure pour la gestion des risques naturels intègrent de plus en plus de solutions qui s’inspirent de la nature. 

Au Chili, quel est le plus grand frein à l’accélération de la transformation du secteur ?

Pour accélérer la construction durable au Chili, nous devons accroître la disponibilité locale des ressources de recherche, de conception et de production, encourager le transfert de savoir-faire, diversifier les champs d’application des technologies et des solutions viables et flexibles, rendre les projets, les nouvelles technologies et les méthodes plus visibles et stimuler l’intérêt du public.

Il reste encore beaucoup à faire pour accélérer la construction durable, mais l’une des clés est de viser des normes de qualité élevées dans des projets abordables pour le plus grand nombre.

Crédits photos: Isabel Soto, CIM UC (Centro UC de Innovación en Madera)