L’unité de rénovation des bâtiments de Copenhague (Danemark) soutient les rénovations de l’environnement bâti existant de la ville. A la tête de cette unité, Janus Christoffersen travaille à la réalisation de projets dans le domaine des énergies renouvelables, avec pour objectif de réduire drastiquement l’utilisation des ressources et limiter les émissions de CO2 dans la ville. Il nous partage son expertise de terrain.
Selon vous, quels sont les défis actuels du secteur de la construction en matière de transition énergétique ?
La transition énergétique du secteur de la construction – c’est à dire se donner les moyens d’impacter l’immense consommation actuelle d’énergie et de matériaux – doit être envisagée comme une transformation complexe nécessitant une vision partagée par tous les acteurs et sur le long terme. Aux niveaux européen et national, les initiatives EPBD1 et CSRD1, bien qu’elles doivent encore être mises en œuvre dans le cadre d’opérations standardisées et bien rodées, sont des avancées importantes. A l’échelle des villes, le défi est de transformer des environnements urbains existants pour qu’ils s’adaptent à une plus forte densité tout en disposant de bâtiments qui consomment moins d’énergie. Pour cela, on peut par exemple produire de l’énergie grâce à l’énergie solaire voltaïque, transformer l’énergie avec des pompes à chaleur, la stocker sous forme de capacité thermique ou dans des batteries. On peut aussi envisager la question de l’énergie non plus sous l’angle d’une consommation passive des bâtiments, mais au travers de leur participation active aux nouveaux modes de distribution d’énergie permis par la ville intelligente.
Selon vous, quels sont les leviers les plus importants pour accélérer la transition énergétique du secteur ?
Un levier très important consiste à impliquer les particuliers et les propriétaires dans les processus de transformation. Ces processus peuvent être facilités par l’action publique certes, mais ils ne peuvent être réalisés que grâce à la participation active et aux investissements des citoyens qui, sans cela, pourraient percevoir la transition comme quelque chose qui leur est « imposé » plutôt que comme un processus sociétal nécessaire. Je pense que pour leur permettre de s’impliquer davantage, les solutions énergétiques prêtes à l’emploi, facilement activables et incluant des modèles financiers compréhensibles et transparents, devraient être encouragées.
Au Danemark, il existe 26 873 immeubles d'habitation datant d'avant 1950, dont environ 43 % ont la classe énergétique E ou inférieure. La rénovation énergétique des immeubles d'habitation anciens permet donc de réaliser d'importantes économies de CO₂.
En matière de performance énergétique, quels sont les initiatives les plus exemplaires que vous avez observées ces dernières années ?
Le projet Klimakarré de Copenhague, situé dans le quartier d’Østerbro, est un projet phare en matière de rénovation urbaine durable et une vitrine de la manière dont une place ancienne et obsolète peut devenir résiliente et optimisée en termes d’énergie.
Concrètement, nous avons déployé une solution d’isolation extérieure développée pour les immeubles d’habitation anciens. Ces immeubles datant d’avant les années 1950 sont généralement très mal isolés. Cela entraîne une consommation d’énergie élevée et un mauvais climat intérieur. La solution utilisée, Klimafacade+, réduit la consommation d’énergie tout en améliorant radicalement l’environnement intérieur et la qualité de vie des résidents. Notre objectif est de voir cette solution mise en œuvre à grande échelle dans toute la ville dans les années à venir. Il est important de noter que ce projet est économiquement rentable et qu’il représente aussi un modèle de collaboration entre la municipalité de Copenhague, les résidents, les propriétaires, les conseillers et les fournisseurs.
¹ Les mots de la construction durable
La directive EPBD (2024 - Directive Européenne sur la Performance Energétique des Bâtiments), se positionne comme un levier essentiel pour rendre l’ensemble du parc immobilier de l’UE neutre en carbone d'ici 2050. Elle vise réduire les émissions et améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments à grande échelle. La directive a un impact direct sur le cadre législatif des pays membres de l’UE.
La directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui a remplacé en 2024 la NFRD (Non Financial Reporting Directive) créée en 2017 en la renforçant, est une directive européenne de reporting extra-financier qui impose aux grandes entreprises de l’UE de suivre et déclarer leurs performances sur les volets environnementaux, sociaux et de gouvernance. La CSRD introduit une notion de responsabilité des entreprises, au-delà de leurs performances économiques.
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