Les bonnes pratiques de l’efficacité énergétique

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L’isolation du bâti est primordiale, alors que 20 à 25 % de l’énergie s’échappe par les murs. Elle peut tout d’abord être extérieure.

Rénovation
Décryptage
Durée de lecture : 6 min 6 min
30/05/2023

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Dans son 6e rapport sur le climat1, le GIEC consacre pour la première fois un volet aux stratégies d’atténuation de la demande en énergie, parmi lesquelles l’amélioration de l’efficacité énergétique dans le bâti. Ou comment consommer moins pour un usage et un confort identiques. Un véritable défi, alors même que dans l’Union européenne, seules 2,7 % des constructions sont considérées comme très performantes (classées en catégorie A). Pourtant, de nombreuses solutions peuvent être mises en œuvre dès le choix du lieu et des matériaux de construction, pour obtenir un bâtiment plus durable d’un point de vue environnemental.

Le premier impératif pour construire un bâtiment doté d’excellentes performances énergétiques est de bien choisir son implantation, donc son orientation. En tenant compte du climat régional et de l’environnement immédiat en matière de végétation et de constructions. Les choix ne sont pas anodins. Une orientation avisée va ainsi optimiser à coup sûr certaines stratégies passives d’efficacité énergétique. Il faut également éviter de construire sur une parcelle vulnérable aux aléas climatiques, par exemple des vents froids ou des accumulations de neige.

Entre soleil et vents, trouver la bonne place

Une orientation faisant la part belle à la lumière naturelle permet de réduire l’éclairage artificiel et de stocker la chaleur. Il convient toutefois de prendre garde à ce que l’ensoleillement, dans une région déjà soumise à des canicules, n’introduise pas de chaleur excessive dans l’habitat. Dans une région plutôt froide, il est en revanche un allié précieux pour réchauffer l’habitation.
Les vents dominants ne sont pas toujours un problème. Dans une région chaude, ils peuvent être utilisés pour optimiser la ventilation naturelle d’un bâtiment. De même, la présence d’arbres ou de constructions voisines est une opportunité d’ombrage ou de protection contre les risques climatiques. Enfin, le bâti et les réseaux alentour ne doivent pas être négligés dans le choix de l’emplacement d’une construction. La rentabilité des énergies renouvelables, par exemple, diffère selon qu’un bâtiment est hors réseau ou raccordé. Il faut aussi privilégier l’accessibilité par les transports en commun et la proximité de pistes cyclables pour aller faire ses courses ou se rendre à son travail.

Dans un bâtiment non isolé,

20% à 25%

de l’énergie s’échappe par les murs.

L’isolation du bâti est primordiale, alors que 20 à 25 % de l’énergie s’échappe par les murs. Elle peut tout d’abord être extérieure.

Une enveloppe très performante

Amener l’habitat à tirer profit des conditions naturelles de chaleur ou de fraîcheur ne suffit pas. Alors que dans un bâtiment non isolé, 20 à 25 % de l’énergie s’échappe par les murs, 25 à 30 % par le toit et 10 à 15 % par les fenêtres, il est tout aussi important, pour optimiser l’efficacité énergétique d’une construction, d’isoler parfaitement murs, toit et vitrages et de garantir une très bonne étanchéité à l’air de l’ouvrage. L’isolation des murs peut se faire soit par l’extérieur, avec des isolants posés sous enduits ou une lame d’air derrière des bardages ou des vêtures, soit par l’intérieur, grâce à des systèmes de doublage des murs avec plaques de plâtre. Pour l’isolation des murs, des isolants rigides ou semi-rigides peuvent être installés, mais cette solution doit impérativement être combinée à une bonne étanchéité à l’air, en supprimant les fuites d’air parasites et les ponts thermiques.
L’isolation de la toiture se fera avec des solutions différentes selon qu’il s’agit d’une toiture plate avec une isolation sous étanchéité (avec des isolants rigides), de combles perdus avec une isolation sur plancher (soit par soufflage d’isolants en vrac, soit par pose d’isolants en rouleaux) ou de combles aménagés avec une isolation en une ou deux couches sous rampants.

Le vitrage est un autre élément pertinent puisqu’il représente entre 10 et 15 % des déperditions thermiques.

Côté vitrage, la palette de solutions est aujourd’hui suffisamment importante pour s’adapter aux différents climats et besoins. Grâce à la superposition de couches à contrôle solaire, il est possible de faire passer la lumière tout en profitant de la chaleur quand c’est nécessaire, ou, à l’inverse, de la bloquer. Pour ne pas avoir à choisir, le vitrage dynamique, à l’image de SageGlass® développé par Saint-Gobain, joue les caméléons en adaptant automatiquement sa teinte en fonction du degré d’ensoleillement. Une solution également adoptée dans des zones plus tempérées, pour les bâtiments aux façades entièrement vitrées qui doivent réguler les effets du soleil. Autre défi dans les pays les plus au nord : maintenir une température intérieure confortable en hiver pour limiter l’usage du chauffage. En Norvège comme en Suède, le triple vitrage fait partie de longue date du paysage énergétique. Les façades des immeubles optimisent la technique de superposition des couches – un mur, un isolant, une lame d’air et un bardage renforcé – avec, de surcroît, des matériaux offrant une très bonne étanchéité à l’air et des isolants de forte épaisseur. À ne pas sous-estimer non plus, les volets, stores roulants et autres persiennes, qui représentent de réelles barrières isolant du froid et de la chaleur.

La plus ancienne des ressources énergétiques est celle produite par la biomasse à partir de résidus forestiers et agricoles ou de déchets organiques.

Bien penser la part du renouvelable

L’enveloppe du bâtiment ayant été optimisée, il convient ensuite d’installer dans l’habitat des équipements performants de production de chauffage, de rafraîchissement, d’eau chaude sanitaire, de ventilation ou d’éclairage. Quant à l’électricité qui les alimente, elle doit être produite de préférence en recourant à des énergies renouvelables ou décarbonées. En la matière, les solutions ne manquent pas. Et leur diversité fait qu’elles peuvent convenir à tous les cas de figure.

L’énergie la plus facile à installer et à amortir est le solaire thermique, à partir de panneaux transformant le rayonnement du soleil en chaleur. Il peut être posé sur tous les types de bâtiments, sous toutes les latitudes, mais doit néanmoins tenir compte de l’exposition de la construction. Une deuxième source, la plus ancienne, est l’énergie biomasse, obtenue à partir de résidus forestiers et agricoles et de déchets organiques.

La Cité du Vin, à Bordeaux, en France, est entièrement alimentée par géothermie pour ses systèmes de chauffage et de climatisation.

La géothermie, pour sa part, est performante, économique et a l’avantage de fonctionner partout dans le monde, mais le coût des installations nécessaires au chauffage est élevé et certains terrains ne sont pas éligibles. Enfin le photovoltaïque, qui consiste à transformer la lumière du soleil en électricité à l’aide des cellules à base de silicium composant le panneau installé sur le toit, propose une énergie « prête à l’emploi », au plus près du consommateur. Sans surprise, le mix entre plusieurs de ces options est garant d’une grande performance.
Si les leviers d’efficacité énergétique sont nombreux, encore faut-il les maîtriser. C’est à cette condition que l’on pourra réduire la consommation des bâtiments, voire les rendre passifs.

Le panneau photovoltaïque transforme la lumière du soleil en électricité. Installé sur les toitures, il propose une énergie « prête à l’emploi », au plus près du consommateur.
[1] Consulter le rapport du groupe III "Climate Change 2022 : Mitigation of Climate Change", le résumé pour les décideurs, le Technical Summary, la FAQ : https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/

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