« Les enjeux environnementaux doivent également être abordés sous l’angle des questions sociales. »

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Conçu par Foster + Partners, l’hôtel de ville de Buenos Aires, en Argentine, réduit son impact environnemental : le toit en auvent, les patios et la structure en béton apparent favorisent la régulation thermique passive, ce qui a valu à l’édifice la certification LEED Gold. Les matériaux utilisés font écho au passé industriel du quartier de Parque Patricios. La conception flexible de ce bâtiment, destiné à l’origine à la Banco Ciudad, a facilité sa conversion en hôtel de ville. ©Foster + Partners

Politique et économie
Point de vue
Durée de lecture : 5 min 5 min
16/04/2025

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La province de Buenos Aires est un microcosme de l’Argentine : elle comprend des centres urbains très animés, comme le Grand Buenos Aires qui abrite plus de 60 % de la population de la province, et de vastes zones rurales. Un territoire contrasté qui présente des défis majeurs en matière de développement durable.
Daniela Vilar, ministre de l’Environnement de la province de Buenos Aires, Argentine, depuis 2021 ©D.R.
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Face au double enjeu de fournir des logements abordables tout en atténuant l’impact environnemental, Daniela Vilar, ministre de l’Environnement de la province de Buenos Aires, innove en adoptant une approche qualifiée « d’environnementalisme populaire ». Cet entretien explore les défis, les solutions et la philosophie qui sous-tend le travail novateur de son ministère.

Quelles sont les spécificités de la province de Buenos Aires ? 

La province de Buenos Aires est la deuxième province la plus vaste d’Argentine, et aussi la plus peuplée. Nous faisons face à des situations très diverses, qui vont de la ruralité totale à la densité de population absolue. Par conséquent, notre province est confrontée à d’énormes défis d’infrastructures et de logements.

Quels sont les problèmes auxquels vous devez faire face ?

Les défis auxquels nous sommes confrontés sont liés à ce qui se passe dans notre environnement et qui nous affecte directement, notamment les événements climatiques extrêmes, toujours plus fréquents en raison de la crise environnementale : sécheresses, inondations, tempêtes ravageuses. Mais aussi les quartiers sans accès à l’eau potable, les mégaprojets immobiliers empiétant sur des territoires naturels comme les zones humides, les maladies chroniques qui touchent certaines communautés en raison de leur proximité avec des décharges à ciel ouvert, les enfants intoxiqués au plomb. Les problèmes environnementaux nous concernent tous, mais plus encore les personnes en situation de vulnérabilité.

Les problèmes environnementaux nous concernent tous, mais plus encore les personnes en situation de vulnérabilité.

Dans ce contexte, vous parlez « d’environnementalisme populaire » comme principe directeur de votre action. De quoi s’agit-il plus précisément ?

Nous considérons l’environnement comme quelque chose de transversal qui touche tous les aspects de notre vie, et l’environnementalisme comme une variable étroitement liée à des facteurs sociaux, politiques et économiques. Nous parlons « d’environnementalisme populaire », car les enjeux environnementaux doivent également être abordés sous l’angle des questions sociales. C’est en quelque sorte le cadre philosophique au sein duquel nous opérons. Il guide et donne un sens à tout notre travail et à nos activités de sensibilisation, en mettant l’accent sur la protection de l’environnement dans une optique d’inclusion sociale et de garantie des droits. Nous sommes convaincus que les individus et les communautés ne peuvent véritablement s’épanouir que dans le cadre d’une relation harmonieuse avec le territoire qui les entoure.

Les communautés ne peuvent s’épanouir que dans le cadre d’une relation harmonieuse avec le territoire qui les entoure.
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Le 21 mai 2024, la ministre Daniela Vilar a inauguré des panneaux solaires dans une école rurale de Pila, dans la province de Buenos Aires, en compagnie de son maire Sebastián Walker. Cette initiative offre aux élèves une énergie propre et de meilleures conditions d’apprentissage. ©Gobierno de la Provincia de Buenos Aires

Quelles sont les mesures concrètes qui illustrent votre approche en faveur d’une construction plus durable ?

Notre objectif est de promouvoir des bâtiments résilients et énergétiquement efficaces pour atténuer les effets du changement climatique et s’y adapter. Dans cette perspective, nous déployons en priorité les mesures suivantes :

  • Optimisation de l’efficacité énergétique de toutes les nouvelles constructions
  • Orientation du bâtiment pour optimiser l’ensoleillement
  • Installation de structures préfabriquées avec sous-sols pour améliorer la ventilation et l’isolation là où cela est possible
  • Utilisation de panneaux sandwich isolés pour la construction de murs
  • Utilisation de charpentes en plastique recyclé
  • Installation de panneaux photovoltaïques
  • Installation de chauffe-eau solaires
  • Mise en œuvre de systèmes efficaces de traitement des eaux usées
  • Collecte et filtration de l’eau de pluie pour les sanitaires

Le projet d’éco-quartier Cittabella

Le projet d’éco-quartier Cittabella, situé à La Plata, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de la ville de Buenos Aires, est une initiative de rénovation urbaine visant à transformer une ancienne carrière de 5 hectares.
Le projet met en œuvre des solutions innovantes pour minimiser son impact environnemental : préfabrication en béton, gestion des eaux pluviales avec un marais artificiel, intégration de plus de 1300 arbres et 15 000 plantes endémiques, et utilisation de systèmes géothermiques et solaires.
Cittabella comprendra à terme plus de 300 logements répartis sur plusieurs bâtiments, des espaces commerciaux, bureaux, établissements de santé et d'éducation et cinq parcs, le tout conçu selon les principes de la modélisation BIM.
© ASZ Arquitectos / Grupo OCSA

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